L'HOMME DE LA MAFFIA, FRED NORO
FLEUVE NOIR ESPIOMATIC # 72, 1976
A ma connaissance, Zac est le premier exemple d'une tentative aux éditions du Fleuve Noir visant à concurrencer Gérard de Villiers sur le terrain des fictions pour durs de chez durs, les romances machistes à l'américaine, les bouquins avec poulettes dénudées et/ou sur-armées en couvertures et récits aussi burnés que simplistes à l'intérieur - ce mélange d'action brutale et de polar débile dont je vous rabâche les globes oculaires depuis quelques temps, ces 220 pages de massacres musclés, d'astiquage de calibre et de bravoure sanguinolente mettant élogieusement en scène l'habituel franc tireur à personnalité interchangeable, le mercenaire aussi stoïque qu'une borne kilométrique, l'amateur de gros calibres partisan d'un phrasé lapidaire se résumant à du "tous des lopettes" bien senti.
Ainsi présenté, c'est foutre alléchant, je trouve, mais confronté à L'Homme De La Maffia, cinquième (et dernier ?) volume de la série Zac, c'est une toute autre affaire.
Peut être est-ce la faute à Fred Noro, bien connu des lecteurs d'espionnage et qui, perdu entre la pornographisation obligée des échanges sentimentaux, les concours de gros bras et ses objectifs personnels, peine à véritablement dynamiser son sujet. Peine surtout à aller à l'essentiel.
Car où sont les ingrédients primordiaux du genre ? Où sont les grosses armes à feu qui pétaradent en masse et qui ravagent façon hachi-parmentier les salauds d'en-face ? Où sont les fusillades, les courses poursuites, le body-count ultra-conséquent ?
L'Homme De La Maffia manque d'action. C'en est presque cruel. Surtout qu'au rififi sanguinolent de la prose virile, notre auteur préfère des éléments de suspense habituellement absents des productions pour mectons. En résulte une suite de petits mystères qui n'aurait pas dépareillés dans un Spécial Police des années 60 mais qui, accolés aux pulsions crétines et burnées de ce sous-Exécuteur Fleuve Noirisé, sonnent fichtrement creux.
Car malgré ses petites prétentions de thriller (machinations, retournements et révélations), et malgré le très relatif talent d'écrivain déployé par Noro, L'Homme De La Maffia reste façonné comme un bouquin d'action crétin, usiné par un crétin pour des crétins, avec un baroudeur crétin qui dézingue du pourri crétin dans des parkings mal-éclairés - le problème, véritablement, c'est que L'Homme De La Maffia s'imagine plus subtil qu'il ne peut l'être, rate donc sa cible, devient en quelque sorte le parfait exemple du roman de gare qui, en rechignant à simplement honorer son contrat de littérature commando, déçoit les attentes pourtant pas très brillantes de son lectorat potentiel.
Dommage.
SUPER-TUEUR, JACQUES COLOMBO
FLEUVE NOIR / DON # 11, 1986
Cette fois, par contre, je ne suis pas déçu. C'est tout le contraire. Je suis heureux. Super-Tueur, onzième et dernier volume de la série Don, est un bouquin aussi stupide qu'enthousiasmant, aussi aberrant que plaisant.
Disons le simplement, Super-Tueur est un magnifique ramassi de conneries mises bout à bout et sans aucun questionnement quant à la validité de l'ensemble. Le bonheur mongoloïde fait littérature de masse.
Pourtant, j'avoue, je n'en attendait pas tant de la part d'Henri Vernes - oui, oui, Henri Vernes, LE Henri Vernes, ici caché sous le pseudonyme de Jacques Colombo.
Une sage décision, fort compréhensible à la lecture du délit. Assumer un tel rejet et continuer sa carrière impunément, ce n'est pas possible. Surtout que Don, ce n'est pas vraiment Bob Morane. Ou alors Bob Morane, mais le samedi soir, très tard, sur Canal +, et aux fluctuations cryptées parasitant vigoureusement un film d'action inspiré des œuvres complètes de Don Pendleton.
En effet. Avec Don, Colombo / Vernes donne dans le sous-Executeur à forte tendance érotique. Rien de nouveau sous le soleil. Il y a un héros inflexible et des vilains mafieux qui se font impitoyablement dessouder.
Le héros inflexible, c'est Don, alias John King, fils du capo di tutti capi et kiki, pardon, qui, en dépit de ses origines, a déclaré la guerre à la Mafia. Probablement des restes de sa crise d'adolescence. Enfin, on s'en fout. Je continue.
Donc, notre héros est traqué par tous les tueurs de l'organisation à papa. Sa tête est sous contrat mais notre homme étant un véritable héros inflexible, le super-male dans toute sa splendeur, rien ne peut l'atteindre... ou presque !
Car Don possède un point faible. Jacques Colombo nous l'écrit page 61 : "Il ne pouvait pas se passer facilement de femmes. Un des seuls défauts à sa cuirasse. On lui avait dit un jour que ses couilles le perdraient; elles avaient déjà failli le perdre plusieurs fois."
Et en effet, si je puis me permettre, ce sont bien les couilles qui perdent, non seulement notre héros inflexible , mais aussi l'écrivain de ses aventures puisque, totalement obnubilé par les possibilités supra-coïtales de son script, il en oublie définitivement le reste de l'édifice.
Ainsi, dans Super-Tueur, Don est censé combattre un cyborg meurtrier, sorte de Terminator invincible et sadique lancé à ses trousses par la mafia. On s'imagine une confrontation dantesque. On a tort. Niveau action, le Super-Tueur est au point mort. Un vrai cancre que l'auteur s'ingénie à faire passer pour un crac. Par contre, pour ce qui est de la baise, c'est du corsé. Au lieu de remplir sa mission bien sérieusement comme il faut, notre robot criminel passe en effet la majeure partie de ses chapitres à tenter de violer de la poulette de petite vertu - petitesse par ailleurs largement compensée par la grosseur des attributs mammaires indécemment exposés.
Couplé aux frasques de Don, héros inflexible qui, lui aussi, ne cherche finalement qu'à se soulager en trempant son super-biscuit dans du voluptueux réceptacle féminin, et t'as une idée assez nette du tableau qu'Henri Colombo nous propose. L'ensemble atteint d'ailleurs les cimes du grotesque dans un final qui voit l'auteur bâcler la confrontation entre Don et le Super-Tueur pour mieux se concentrer sur les accouplements suggérés entre une prostituée aux "merveilleux seins roides, sans la moindre ptôse, presque trop volumineux pour le reste de son corps" et deux dogues allemands amoureusement surnommés Tim et Tom.
Oui, Don, ce n'est définitivement pas du Bob Morane.
Et c'est tant mieux !
FLEUVE NOIR ESPIOMATIC # 72, 1976
A ma connaissance, Zac est le premier exemple d'une tentative aux éditions du Fleuve Noir visant à concurrencer Gérard de Villiers sur le terrain des fictions pour durs de chez durs, les romances machistes à l'américaine, les bouquins avec poulettes dénudées et/ou sur-armées en couvertures et récits aussi burnés que simplistes à l'intérieur - ce mélange d'action brutale et de polar débile dont je vous rabâche les globes oculaires depuis quelques temps, ces 220 pages de massacres musclés, d'astiquage de calibre et de bravoure sanguinolente mettant élogieusement en scène l'habituel franc tireur à personnalité interchangeable, le mercenaire aussi stoïque qu'une borne kilométrique, l'amateur de gros calibres partisan d'un phrasé lapidaire se résumant à du "tous des lopettes" bien senti.
Ainsi présenté, c'est foutre alléchant, je trouve, mais confronté à L'Homme De La Maffia, cinquième (et dernier ?) volume de la série Zac, c'est une toute autre affaire.
Peut être est-ce la faute à Fred Noro, bien connu des lecteurs d'espionnage et qui, perdu entre la pornographisation obligée des échanges sentimentaux, les concours de gros bras et ses objectifs personnels, peine à véritablement dynamiser son sujet. Peine surtout à aller à l'essentiel.
Car où sont les ingrédients primordiaux du genre ? Où sont les grosses armes à feu qui pétaradent en masse et qui ravagent façon hachi-parmentier les salauds d'en-face ? Où sont les fusillades, les courses poursuites, le body-count ultra-conséquent ?
L'Homme De La Maffia manque d'action. C'en est presque cruel. Surtout qu'au rififi sanguinolent de la prose virile, notre auteur préfère des éléments de suspense habituellement absents des productions pour mectons. En résulte une suite de petits mystères qui n'aurait pas dépareillés dans un Spécial Police des années 60 mais qui, accolés aux pulsions crétines et burnées de ce sous-Exécuteur Fleuve Noirisé, sonnent fichtrement creux.
Car malgré ses petites prétentions de thriller (machinations, retournements et révélations), et malgré le très relatif talent d'écrivain déployé par Noro, L'Homme De La Maffia reste façonné comme un bouquin d'action crétin, usiné par un crétin pour des crétins, avec un baroudeur crétin qui dézingue du pourri crétin dans des parkings mal-éclairés - le problème, véritablement, c'est que L'Homme De La Maffia s'imagine plus subtil qu'il ne peut l'être, rate donc sa cible, devient en quelque sorte le parfait exemple du roman de gare qui, en rechignant à simplement honorer son contrat de littérature commando, déçoit les attentes pourtant pas très brillantes de son lectorat potentiel.
Dommage.
SUPER-TUEUR, JACQUES COLOMBO
FLEUVE NOIR / DON # 11, 1986
Cette fois, par contre, je ne suis pas déçu. C'est tout le contraire. Je suis heureux. Super-Tueur, onzième et dernier volume de la série Don, est un bouquin aussi stupide qu'enthousiasmant, aussi aberrant que plaisant.
Disons le simplement, Super-Tueur est un magnifique ramassi de conneries mises bout à bout et sans aucun questionnement quant à la validité de l'ensemble. Le bonheur mongoloïde fait littérature de masse.
Pourtant, j'avoue, je n'en attendait pas tant de la part d'Henri Vernes - oui, oui, Henri Vernes, LE Henri Vernes, ici caché sous le pseudonyme de Jacques Colombo.
Une sage décision, fort compréhensible à la lecture du délit. Assumer un tel rejet et continuer sa carrière impunément, ce n'est pas possible. Surtout que Don, ce n'est pas vraiment Bob Morane. Ou alors Bob Morane, mais le samedi soir, très tard, sur Canal +, et aux fluctuations cryptées parasitant vigoureusement un film d'action inspiré des œuvres complètes de Don Pendleton.
En effet. Avec Don, Colombo / Vernes donne dans le sous-Executeur à forte tendance érotique. Rien de nouveau sous le soleil. Il y a un héros inflexible et des vilains mafieux qui se font impitoyablement dessouder.
Le héros inflexible, c'est Don, alias John King, fils du capo di tutti capi et kiki, pardon, qui, en dépit de ses origines, a déclaré la guerre à la Mafia. Probablement des restes de sa crise d'adolescence. Enfin, on s'en fout. Je continue.
Donc, notre héros est traqué par tous les tueurs de l'organisation à papa. Sa tête est sous contrat mais notre homme étant un véritable héros inflexible, le super-male dans toute sa splendeur, rien ne peut l'atteindre... ou presque !
Car Don possède un point faible. Jacques Colombo nous l'écrit page 61 : "Il ne pouvait pas se passer facilement de femmes. Un des seuls défauts à sa cuirasse. On lui avait dit un jour que ses couilles le perdraient; elles avaient déjà failli le perdre plusieurs fois."
Et en effet, si je puis me permettre, ce sont bien les couilles qui perdent, non seulement notre héros inflexible , mais aussi l'écrivain de ses aventures puisque, totalement obnubilé par les possibilités supra-coïtales de son script, il en oublie définitivement le reste de l'édifice.
Ainsi, dans Super-Tueur, Don est censé combattre un cyborg meurtrier, sorte de Terminator invincible et sadique lancé à ses trousses par la mafia. On s'imagine une confrontation dantesque. On a tort. Niveau action, le Super-Tueur est au point mort. Un vrai cancre que l'auteur s'ingénie à faire passer pour un crac. Par contre, pour ce qui est de la baise, c'est du corsé. Au lieu de remplir sa mission bien sérieusement comme il faut, notre robot criminel passe en effet la majeure partie de ses chapitres à tenter de violer de la poulette de petite vertu - petitesse par ailleurs largement compensée par la grosseur des attributs mammaires indécemment exposés.
Couplé aux frasques de Don, héros inflexible qui, lui aussi, ne cherche finalement qu'à se soulager en trempant son super-biscuit dans du voluptueux réceptacle féminin, et t'as une idée assez nette du tableau qu'Henri Colombo nous propose. L'ensemble atteint d'ailleurs les cimes du grotesque dans un final qui voit l'auteur bâcler la confrontation entre Don et le Super-Tueur pour mieux se concentrer sur les accouplements suggérés entre une prostituée aux "merveilleux seins roides, sans la moindre ptôse, presque trop volumineux pour le reste de son corps" et deux dogues allemands amoureusement surnommés Tim et Tom.
Oui, Don, ce n'est définitivement pas du Bob Morane.
Et c'est tant mieux !
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